Doutes sur mon avenir
Bonjour à tous,
Je vais commencer ce sujet par une courte présentation et une mise en contexte. Je suis un étudiant de 20 ans en L3 de mathématiques, dans un parcours plutôt axé vers les futurs prepa agreg et chercheurs. Je suis passionné de maths depuis le lycée, et la voie de la recherche est la seule que je souhaite. Je fais des maths quasiment tous les jours depuis des années, je prend toujours autant de plaisir à les découvrir, et à les partager (j'ai par exemple ouvert un blog ou j'écris de temps en temps mes derniers centres d'intérêt). Je n'ai pas de grandes difficultés avec les concepts que j'apprends, ( et quand c'est le cas je prend plaisir à faire cette gymnastique intellectuelle qui mène à la compréhension des concepts) et suis souvent le camarade à qui l'on vient poser des questions sur un cours un exercice. J'ai même une place à responsabilité dans une association bien connue de diffusion mathématiques. Pour abréger, dans un monde idéal, j'ai - je pense - le profil d'un "bon" étudiant en mathématiques.
Malheureusement mon parcours scolaire reflète tout l'inverse. Depuis le début de mes études, j'ai fait face à de nombreux et importants problèmes: qu'ils soient sociaux, médicaux, et plus récemment, une pandémie et des cours en distanciel où j'ai totalement décroché. Ces problèmes ont évidemment grandement impacté ma réussite scolaire et mon dossier. Toutes mes notes de licences sont honnêtement désastreuses, et c'est même assez étonnant que je sois en L3 aujourd'hui.
L3 que je redouble, d'ailleurs. En effet, le système de cours en visio l'année dernière a terminé d'achever mon dossier. Je n'avais plus aucune excuse cette année, la plupart des soucis sus-mentionnés étaient réglés, et on m'a affirmé que si je réussissais brillamment ma L3, les jurys de masters seraient exigeants. Mais ça n'a pas été le cas, j'ai eu énormément de mal à suivre mes cours dès la fermeture des universités, jusqu'à un abandon plus ou moins total en mars 2020. Je me suis repris et ai travaillé dur juste avant les examens mais je me suis rendu compte d'une chose: j'étais à ce moment - je pense - tout à fait en capacité de valider ma licence. Mais ça n'aurait pas suffit, je connais un peu le master de mon université, de part d'anciens étudiants et responsables, et avec 10,11 voire 12 au dernier semestre, il était très peu probable que je sois admis. Ça a d'ailleurs été vérifié par mes camarades de l'années dernières, la grande majorité de notre groupe de parcours recherche a validé autour de ces notes et n'ont pas été pris: ils sont désormais en M1 meef.
J'ai donc fait le choix de "saborder" mon semestre, pour me permettre de redoubler (il est impossible de redoubler une L3 validée dans mon établissement). J'ai donc fait le minimum à mes examens, en sortant au bout d'une heure. J'ai eu 8.75 de moyenne.
Me revoilà donc en L3, avec un S5 que je ne peux repasser (car déjà validé, mais à 10+epsilon..) et je me dis que c'est déjà fini pour moi.
Admettons que je réussisse haut la main mon dernier semestre. Je m'en crois capable mais: quel master va prendre un étudiant qui a lamentablement échoué sur 85% de sa licence ? Je m'étais convaincu que les chercheurs en maths qui n'avaient pas fait le classique prepa+ENS n'étaient pas si rare. Mais alors un chercheur qui a fait une licence, en 4 ans, avec des résultats pareils ? Je pense qu'on n'a jamais vu ça.
Je suis encore plus anxieux que l'année dernière quant à mon avenir, pensez-vous que je devrai abandonner ? Partir sur un plan de secours ? J'imagine que je pourrai très bien réussir en mathématiques appliqués, j'ai d'ailleurs déjà une place qui m'est officieusement réservée "au cas où" dans un tel master. Je ne pense pas que je me retrouverai un jour "sans rien", il y a des places disponibles partout en maths. Mais j'ai un objectif, une seule chose que je veux faire de ma vie, et je pense que c'est désormais impossible pour moi. Qu'en pensez-vous?
Excusez-moi si le message est trop long mais j'avais besoin d'en parler quelque part.
Bien à vous.
Je vais commencer ce sujet par une courte présentation et une mise en contexte. Je suis un étudiant de 20 ans en L3 de mathématiques, dans un parcours plutôt axé vers les futurs prepa agreg et chercheurs. Je suis passionné de maths depuis le lycée, et la voie de la recherche est la seule que je souhaite. Je fais des maths quasiment tous les jours depuis des années, je prend toujours autant de plaisir à les découvrir, et à les partager (j'ai par exemple ouvert un blog ou j'écris de temps en temps mes derniers centres d'intérêt). Je n'ai pas de grandes difficultés avec les concepts que j'apprends, ( et quand c'est le cas je prend plaisir à faire cette gymnastique intellectuelle qui mène à la compréhension des concepts) et suis souvent le camarade à qui l'on vient poser des questions sur un cours un exercice. J'ai même une place à responsabilité dans une association bien connue de diffusion mathématiques. Pour abréger, dans un monde idéal, j'ai - je pense - le profil d'un "bon" étudiant en mathématiques.
Malheureusement mon parcours scolaire reflète tout l'inverse. Depuis le début de mes études, j'ai fait face à de nombreux et importants problèmes: qu'ils soient sociaux, médicaux, et plus récemment, une pandémie et des cours en distanciel où j'ai totalement décroché. Ces problèmes ont évidemment grandement impacté ma réussite scolaire et mon dossier. Toutes mes notes de licences sont honnêtement désastreuses, et c'est même assez étonnant que je sois en L3 aujourd'hui.
L3 que je redouble, d'ailleurs. En effet, le système de cours en visio l'année dernière a terminé d'achever mon dossier. Je n'avais plus aucune excuse cette année, la plupart des soucis sus-mentionnés étaient réglés, et on m'a affirmé que si je réussissais brillamment ma L3, les jurys de masters seraient exigeants. Mais ça n'a pas été le cas, j'ai eu énormément de mal à suivre mes cours dès la fermeture des universités, jusqu'à un abandon plus ou moins total en mars 2020. Je me suis repris et ai travaillé dur juste avant les examens mais je me suis rendu compte d'une chose: j'étais à ce moment - je pense - tout à fait en capacité de valider ma licence. Mais ça n'aurait pas suffit, je connais un peu le master de mon université, de part d'anciens étudiants et responsables, et avec 10,11 voire 12 au dernier semestre, il était très peu probable que je sois admis. Ça a d'ailleurs été vérifié par mes camarades de l'années dernières, la grande majorité de notre groupe de parcours recherche a validé autour de ces notes et n'ont pas été pris: ils sont désormais en M1 meef.
J'ai donc fait le choix de "saborder" mon semestre, pour me permettre de redoubler (il est impossible de redoubler une L3 validée dans mon établissement). J'ai donc fait le minimum à mes examens, en sortant au bout d'une heure. J'ai eu 8.75 de moyenne.
Me revoilà donc en L3, avec un S5 que je ne peux repasser (car déjà validé, mais à 10+epsilon..) et je me dis que c'est déjà fini pour moi.
Admettons que je réussisse haut la main mon dernier semestre. Je m'en crois capable mais: quel master va prendre un étudiant qui a lamentablement échoué sur 85% de sa licence ? Je m'étais convaincu que les chercheurs en maths qui n'avaient pas fait le classique prepa+ENS n'étaient pas si rare. Mais alors un chercheur qui a fait une licence, en 4 ans, avec des résultats pareils ? Je pense qu'on n'a jamais vu ça.
Je suis encore plus anxieux que l'année dernière quant à mon avenir, pensez-vous que je devrai abandonner ? Partir sur un plan de secours ? J'imagine que je pourrai très bien réussir en mathématiques appliqués, j'ai d'ailleurs déjà une place qui m'est officieusement réservée "au cas où" dans un tel master. Je ne pense pas que je me retrouverai un jour "sans rien", il y a des places disponibles partout en maths. Mais j'ai un objectif, une seule chose que je veux faire de ma vie, et je pense que c'est désormais impossible pour moi. Qu'en pensez-vous?
Excusez-moi si le message est trop long mais j'avais besoin d'en parler quelque part.
Bien à vous.
Connectez-vous ou Inscrivez-vous pour répondre.
Réponses
Pour préciser le contexte, il y a une sélection à l'entrée en master 1, et une sélection en master 2. C'est une situation difficile parce que pour enseigner, il faut obtenir une inscription en M2 (MEEF ou autre). Beaucoup d'étudiantsse plaignent de se retrouver sans place en M1.
En mathématiques, la sélection est moins affirmée, qu'en droit, où c’est un carnage.
Tu indiques que tu pouvais obtenir une place dans un M1, mais que tu as redoublé en pensant améliorer ton dossier pour un autre M1, c'est bien cela. C'est quand même hasardeux. En plus un élève qui qui obtient 12 ou 13 sans jamais avoir redoublé est favorisé par rapport à un étudiant qui a redoublé, et obtenu des notes un peu meilleures.
L'année scolaire vient juste de commencer, tu refais une L3, tu n'a pas cours ce semestre. Tu peux assister à des cours de M1 ?
Oui j'avais un effet une place dans un master de maths appliquées, mais je me suis dit que je m'en voudrai toujours de ne pas retenter au moins une fois d'avoir celui de mathématiques fondamentales. J'aurai dans tous les cas une sortie de secours dans des formations où les licenciés sont pris de droit. (il y en a quelques uns dans mon université). Je sais que ça fait encore plus tâche dans mon dossier mais je ne me voyais pas abandonner si vite..
Je pense qu'il est possible de suivre les cours du M1 en auditeur libre, oui. J'y ai réfléchi mais je ne l'ai pas demandé. Penses-tu que c'était idiot ? En fait je profite de la période septembre-janvier pour :
1/ Me consacrer à mes lectures personnelles. J'ai approfondi des notions de topologie (théorèmes de métrisabilité) et je lis actuellement le livre de Debreil sur les treillis. Cela me permet de rester stimulé et de garder le plaisir de voir des maths nouvelles sans être à lannée n+1
2/ Réviser. Beaucoup. Je fais une sorte de "preparation à l'agreg en solitaire": je refais à ma façon des cours de niveau L1-L2 en cherchant les démonstrations et en refaisant des exercices.
Cependant, tu dis que tu souhaites devenir chercheur. Alors du coup j'ai un avis un poil plus mesuré.
En effet, la corrélation entre les résultats académiques et les capacités à faire de bons travaux de recherche n'est pas aussi grande que parfois on le pense. Il est vrai que d'avoir eu des résultats brillants ("ah, il a fait normale sup", ou "ah, il a été dans le top 10 à l'agreg") sont parfois des éléments qui peuvent parler à des personnes ne connaissant pas ton domaine de recherche, ce qui induit un certain effet d'entraînement, mais la communauté de spécialistes saura juger les qualités de tes travaux.
Même en même temps, pour faire de la recherche il me semble qu'il faut avoir une envie permanente, un courage de dingue (tu as de quoi déprimer lorsque tu cherches une démo depuis 3 ans puis que finalement quelqu'un démontre le truc juste avant toi ou que tu finis par te rendre compte que ton "théorème" est en fait faux), personnellement j'avais ce courage à 30 ans je ne l'ai plus guère à 50 ans. Et moi, il me semble qu'il est beaucoup plus facile de suivre des cours en visio que de se concentrer H24 sur quelque chose qui peut-être (et même souvent) n'aboutira pas.
Ensuite, il faut savoir que les postes de chercheurs et d'enseignants chercheurs sont très peu nombreux, et plus encore si tu t'orientes vers les maths pures. Pour moi qui visait le top 40 à l'agreg, ça a été une formalité d'y être (et même en travaillant "raisonnablement", parallèlement à ma thèse, j'ai été dans la première moitié de ce top), en revanche ayant choisi un domaine de recherche peu porteur (mais que tous ceux qui s'y sont frottés même de manière lointaine reconnaît pour être "hard"), ça a été un miracle pour moi de devenir MCF.
Si tu vas dans certains domaines des maths appli actuellement à la mode, cela peut être différent, j'ai même trois de mes anciens étudiants qui étaient dans le dernier quart de la promotion à mes cours de L3 (et donc sur le papier très inférieurs à tes résultats) qui sont désormais enseignant-chercheurs. Un autre cas avait redoublé sa L3 et s'est révélé après, cursus brillant ensuite qui lui a donné accès à un poste de chercheur dans un GAFAM avec des salaires et moyens inimaginables dans le public.
Bref, moi il me semble qu'il vaut mieux se porter sur des maths appliquées si tu souhaites être "chercheur ou rien", certains ouvrant même des places dans des boîtes privées, mais au delà de tes résultats, tu dois réfléchir à savoir si tu es prêt à travailler 70h par semaine sur un truc qui peut-être ne donnera rien (c'est moins vrai en maths appli, cependant).
20-21 ans avec 4 ans de licence ce n'est pas le pire parcours qui soit!
Si tu es capable d'apprendre dans des livres sans cours, qu'est ce qui t'a empêché de réussir le programme de L3 avec des polys internets ou des livres?
Pour la deuxième partie de ton message, apprendre des maths c'est une chose, mais garder le moral en étant enfermeé dans sa chambre pendant un an, sans contact, avec un couvre-feu et tout le contexte de l'année dernière, c'en est une autre. Je suis arrivé en période d'examen totalement épuisé psychologiquement par tout ça. Pour être honnête j'ai même arrêté d'étudier vers le mi-semestre. C'est pendant les vacances d'été, quand la pression et les restrictions sont retombées, que j'ai repris gout pour tout ça. J'ai par exemple revu entièrement mon cours d'algèbre du S6 qui m'a énormément intéressé (c'était sur les corps finis, extensions etc, un domaine dans lequel je pourrai me voir travailler) mais dont je n'avais plus la motivation pendant le confinement.
- Tes profs de fac et les responsables du Master auquel tu veux postuler.
Cela a 2 avantages indéniables :
- Tu auras une réponse réaliste sur ta situation, ils te connaissent mieux que le forum et connaissent les profils des candidats admis dans le Master. Ne fais pas attention à la réponse de zestiria, il raconte nimporte quoi sans connaître concernant le redoublement et les notes. Les seuls aptes à évaluer ta situation sont tes profs actuels et ceux qui valideront ou non ton dossier.
- Tu montreras ainsi ta motivation, et recevra des conseils adaptés à ta situation. Montrer ta motivation, pour un Master ou tu es sélectionné sur dossier, est très important. De plus, tu vas avoir du temps libre cette année avec tout ce que tu as déjà validé, donc tu peux demander à ce que l'on te conseille des lectures ou autres pour préparer au mieux ton futur master.
Donc prends ton courage à deux mains, va discuter avec tout ce petit monde, ils sont la pour cela, et au boulot ! On croise les doigts pour toi, je suis confiant, tu sais ce que tu veux, et tu vas l'obtenir. La période passée a été difficile pour beaucoup d'étudiants, tu auras ta deuxième chance !
Il ne fait pas accumuler d'année de retard, et prouver que tes projets sont cohérents. Au vu de tes notes, tes enseignants seront certainement très surpris.
Dans certains M1, il y a un travail de recherche qui remplace une matière et est encadré par un enseignant. Il permet de montrer sa motivation,
et aide beaucoup dans la sélection du M2.
Essaie de parler avec tes profs : c'est peut-être elles et eux qui décideront de ton passage en master. Ces personnes sauront probablement t'orienter ; tu n'es pas le premier étudiant à avoir un parcours "sinueux".
Donc, pour reprendre ce que dit JLT, concentre-toi sur tes cours de L3, qui est une année assez importante (je m'en souviens comme un "saut d'abstraction") et où les difficultés ne sont pas les mêmes qu'avant.
Je n'avais pas osé le faire avant car je ne me sentais pas légitime en tant que redoublant, mais j'ai contacté un enseignant-chercheur dont le domaine m'intéresse s'il est possible de faire un stage avec lui avant mon retour en cours en janvier. (comme évoqué par Laurette)
PS. J'avais lu dans la préface que A.Debreil était un membre actif du forum, mais je viens de me rendre compte que c'était AD hahaha
[À ton service. ;-) AD]